Défis et opportunités de la réglementation des cryptoactifs en Afrique

La popularité croissante des cryptoactifs ces dernières années a conduit à une augmentation significative de leur adoption et de leur utilisation à travers le monde. Selon CoinMarketCap, jusqu’au 26 avril 2023, on comptait 23 642 cryptoactifs. En avril 2023 toujours, l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie avaient le plus grand nombre de personnes ayant de cryptoactifs (Statista, 2023). Bien que de nombreux pays aient adopté des réglementations pour régir l’utilisation des cryptomonnaies, l’Afrique reste en grande partie non réglementée dans ce domaine. Cette réglementation, bien qu’elle ne soit pas encore complète dans toute l’Afrique, laisse place à des défis, mais aussi à des opportunités. Décryptage.

Quel est le but réel des cryptoactifs ? 

Les cryptomonnaies ou cryptoactifs ont été initialement créées pour offrir une alternative décentralisée aux systèmes financiers traditionnels. Elles facilitent de ce fait les transactions financières sans nécessairement obliger à passer par un intermédiaire, comme une banque ou une institution financière centrale. Les cryptomonnaies sont basées sur la technologie de la blockchain, qui est un registre numérique sécurisé et distribué qui permet de stocker et de valider les transactions sans avoir besoin d’un tiers. 

La première cryptomonnaie, le Bitcoin, a été créée en 2009 par une personne ou un groupe de personnes sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Le Bitcoin a été créé en réponse aux nombreux problèmes rencontrés par les systèmes financiers traditionnels, tels que les frais de transaction généralement élevés, les délais de traitement des paiements, les restrictions géographiques et les risques de fraude. En utilisant la blockchain et une technologie de chiffrement sophistiquée, le Bitcoin a permis de transférer d’argent de manière sécurisée, transparente et rapide, sans avoir besoin d’intermédiaire. Depuis lors, le bitcoin connaît une ascension fulgurante, mais des fois avec quelques bas. 

Depuis la création du Bitcoin, de nombreuses autres cryptomonnaies ont vu le jour, chacune avec ses propres caractéristiques et objectifs. On peut donc citer en dehors du bitcoin d’autres cryptoactifs (alcoins) telles que :  

  • Ethereum ; 
  • Binance Coin ; 
  • Shiba Inu ; 
  • Dogecoin ; 
  • Solana ;
  • Tron ;
  • etc.  

Cependant, l’utilisation des cryptoactifs a été associée à de nombreux risques, tels que la volatilité des prix, la fraude et le blanchiment d’argent. Les réglementations devraient donc aider à atténuer ces risques tout en encourageant l’innovation dans le secteur des cryptomonnaies ou crypto-actifs.

Quelques défis liés à la réglementation des cryptoactifs en Afrique 

L’un des principaux défis de la réglementation crypto en Afrique est le manque d’infrastructures et de compétences nécessaires pour surveiller efficacement le marché. Les régulateurs africains doivent alors développer des capacités aussi techniques que juridiques afin de mieux comprendre les implications de la technologie blockchain et des cryptomonnaies.  

Néanmoins, il faut reconnaitre que le problème ne concerne pas uniquement l’Afrique, il est aussi global. En effet, l’absence de normes internationales de réglementation propice crée un environnement réglementaire incertain en Afrique. C’est justement cela qui limite les entreprises spécialisées dans l’achat et vente de bitcoin dans leurs opérations. 

Un autre défi est la question de la protection des consommateurs ou investisseurs. En effet, les différents investisseurs africains sont souvent mal informés sur les risques liés à l’investissement dans les cryptomonnaies. Dans ces cas, ils peuvent malheureusement être victimes de fraudes ou de pertes financières assez importantes. Les régulateurs doivent donc travailler à protéger les investisseurs en les éduquant et en mettant en place des mesures de protection précises.

Etat des lieux sur l’adoption des cryptos en Afrique

Dans certains pays africains comme l’Afrique du Sud, des lois ont été votées et permettent d’encadrer les transactions de cryptoactifs sur le territoire. Le 21 juillet 2023, la Namibie a signé un projet de loi portant sur la réglementation cryptos. 
 
Alors que certains pays africains analysent la possibilité d’adoption des cryptoactifs, la République centrafricaine, le 27 avril 2022, a déjà fait le premier pas en adoptant le bitcoin comme sa monnaie officielle, et ce, au même titre que le franc CFA (Le Figaro 2022). 
 
Selon une étude réalisée par Chainalysis en 2023, 10 pays africains ont un fort taux d’adoption des cryptoactifs. Ces pays dans l’ordre sont : Nigéria, Maroc, Kenya, Tanzanie, Ghana, Afrique du Sud, Egypte, Ethiopie, Cameroun et Ouganda.

Au Nigéria, après un long moment d’interdiction des transactions en crypto monnaie par la CBN (Banque Centrale du Nigeria) depuis février 2021, les choses ont connu un autre épilogue. En effet, la CBN a levé en décembre 2023 les restrictions imposées aux banques pour faciliter les transactions cryptographiques.

Aussi, elle a émis des directives destinées aux banques et autres établissements financiers pour encadrer leurs opérations avec les entités fournissant des services liés aux cryptos. Selon la CBN, les évolutions mondiales récentes rendent nécessaire la régulation des activités des entreprises œuvrant dans le domaine des cryptoactifs.

En Afrique centrale, l’avancée est tout aussi remarquable. En effet, depuis le 21 juillet 2022, le règlement n°01/22/CEMAC/UMAC/CM/COSUMAF portant organisation et fonctionnement du marché financier de l’Afrique Centrale a été adopté. Par ce règlement, elle reconnait les crypto-actifs ainsi que les prestations relatives associées. En clair, la zone de la CEMAC autorise la conservation des cryptos, l’utilisation des plateformes de négociation crypto, l’achat et la vente contre une monnaie ayant cours légal, etc.

Cependant, il est opportun de préciser que la fourniture des différents services liés aux actifs numériques est uniquement réservée aux Prestataires de Services sur Actifs Numériques (PSAN).

Les réelles opportunités de la réglementation des cryptoactifs

Bien que les défis relatifs à la réglementation crypto soient considérables, reconnaissons que plusieurs opportunités sont aussi présentes. En clair, il existe de nombreuses opportunités pour les régulateurs africains en matière de réglementation crypto. 

Tout d’abord, la réglementation crypto peut aider à attirer des investissements étrangers dans le secteur des cryptomonnaies. Cela peut donc aider à stimuler la croissance économique et à créer plusieurs emplois dans le domaine de la technologie blockchain, des cryptoactifs et du web 3. En d’autres mots, cela peut contribuer à réduire le taux de chômage grandissant sur le continent. 

La réglementation crypto peut aussi aider à lutter contre la fraude et le blanchiment d’argent dans le secteur des cryptomonnaies. En mettant en place des réglementations crypto strictes, les régulateurs peuvent aider à protéger les investisseurs contre les pratiques frauduleuses et illégales observées dans l’écosystème.  

La réglementation crypto peut également aider à créer un environnement propice à l’innovation dans le secteur des cryptomonnaies. Les entreprises opérant dans un environnement réglementaire stable sont plus susceptibles d’investir dans la recherche et dans le développement de nouvelles technologies et de nouveaux produits.  
 
Cela peut aider à renforcer l’industrie des cryptomonnaies en Afrique et à la rendre plus compétitive à l’échelle internationale ; de quoi rehausser l’image et l’économie du continent africain. Néanmoins, il existe des plateformes fiables spécialisées dans l’achat et vente de crypto depuis l’Afrique qui innovent et apportent des solutions idéales. 

En outre, la réglementation des cryptoactifs peut ouvrir la voie à de nouvelles opportunités d’investissement pour les entreprises et les particuliers. En d’autres mots, la réglementation cryptos pourrait inciter davantage d’investisseurs institutionnels à entrer sur le marché de la cryptomonnaie, ce qui pourrait entraîner une augmentation de la demande pour ces actifs numériques. 

Les investisseurs dans ce contexte bénéficieraient d’une protection en garanties légales fournies par les régulateurs financiers. En retour, la croissance économique du continent en sera fort impactée. Les États, naturellement, procéderont à la collecte de revenus fiscaux, ce qui sera bénéfique pour le développement sur plusieurs plans. 


En somme, les cryptoactifs en Afrique connaissent une croissance rapide, mais la réglementation reste en retard. Malgré les défis de protection des investisseurs, réguler ces actifs offre des opportunités : attirer les investissements étrangers, stimuler l’innovation et créer des emplois. Les exemples de pays comme la République centrafricaine et les progrès au Nigeria montrent que la réglementation peut être un levier pour une croissance économique durable et équilibrée en Afrique.

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